donderdag, juli 23, 2009



à Alfred Tattet

Adversus Absynthium (A l'encontre de l'absinthe)

Absynthe, monstre né jadis pour notre perte
De l’Afrique à Paris traînant ta robe verte
Comment donc as-tu pu sous le soleil oser
Souiller ses lèvres d’or de ton âcre baiser
Vile prostituée en tes temples assise
Tu te vends à l’esprit ainsi qu'à la sottise
Et ne fais nul souci aux adieux, laurier
Qui couvre le Poëte ainsi que le guerrier
Hélas ! n’avait-il pas assez de l’amertume
A laquelle en vivant tout grand cœur s’accoutume
Aussi que l’eau du ciel ......
Qu’il ne reste plus rien de ton amer poison
O monstre sois maudit, je te jette à la face
Les imprécations de Tibulle et d’Horace
Et contre toi j’évoque en mon sein irrité
La langue que parlait la belle antiquité.

Fontainebleau, août 1847
Antoni Deschamps

****(et aussi)****

Five o’clock Absinthe1
By Raoul Ponchon
Quand le couchant étend son voile d'hyacinthe
Sur Rastaquapolis2.
C'est l'heure assurément de prendre son absinthe,
Qu'en penses-tu, mon fils?
C'est en été surtout, quand la soif vous terrasse
– Tels cent Dreyfous3 bavards –
Qu'il convient de chercher une fraîche terrasse4
Le long des boulevards.
Où l'on sait rencontrer l'absinthe la meilleure.
Celle du fils Pernod;
Fi des autres ! De même un dièze est un leurre
Quand il est de Gounod.
Je dis le long des boulevards, et non à Rome,
Ni chez les Bonivards5;
Carpour être absinthier on n'en est pas moins homme.
Et sur nos boulevards
On voit passer les plus suaves créatures
Aux plus gentes façons :
Tout en buvant, cela réveille vos natures,
C'est exquis... mais passons.
Vous avez votre absinthe, il s'agit de la faire;
Ça n'est pas, croyez-moi,
Comme pense un vain peuple, une petite affaire,
Banale et sans émoi.
Il ne faut pas avoir ailleurs l'âme occupée,
Pour le moment du moins.
L'absinthe veut d'abord de la belle eau frappée,
Les dieux m'en soient témoins !
D'eau tiède, il n'en faut pas : Jupiter la condamne.
Toi-même, qu'en dis-tu ?
Autant vaudrait, ma foi, boire du pissat d'âne
Ou du bouillon pointu6
Et n'allez pas comme un qui serait du Hanovre7,
Surtout me l'effrayer,
Avec votre carafe, elle croirait, la povre8 !
Que l'on la veut noyer.
Déridez-la toujours d'une première goutte...
Là... là... tout doucement.
Vous la verrez alors palpiter, vibrer toute,
Sourire ingénûment;
When sundown spreads its hyacinth veil
Over Rastaquapolis
It’s surely time for an absinthe
Don’t you think, my son?
It’s especially in summer, when thirst wears you down
- Like a hundred Dreyfus gossips -
That it’s fitting to seek a fresh terrace
Along the boulevards
Where one finds the best absinthe
That of the sons of Pernod
Forget the rest! They’re like a sharp by Gounod:
mere illusion.
I say along the boulevards, and not in Rome,
Nor at the home of the Bonivards;
To be an absinthier is not to be any less a man.
And on our boulevards
One sees pass the sweetest creatures
With the gentlest manners:
You’re drinking, they rouse your nature,
They are exquisite... but let it pass.
You have your absinthe, it’s all about preparation
This is not, believe me,
As the cynics think, a small matter
Banal and without emotion
The heart should not be elsewhere
For the moment at least.
Absinthe wants first, beautiful ice water
The gods are my witness!
Tepid water, none of that: Jupiter condemns it.
Yourself, what say you?
Might as well, my faith, drink donkey piss
Or enema broth
And don’t come on like a German,
And scare her,
With your carafe; she would think, poor dear!
That you want to drown her.
Always rouse her from the first drop …
Like so ... and so ... very gently
Then behold her quiver, all vibrant
With an innocent smile;

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